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Analyses du front

Lettre au monde politique et appel aux forces sociales

Publié le 31 août 2020
Depuis bien­tôt deux siècles, la démo­cra­tie de notre pays s’est construite pro­gres­si­ve­ment dans le conflit social, bien plus que dans les par­le­ments. C’est au tra­vers des grèves, des mani­fes­ta­tions, de l’occupation de l’espace public, de la liber­té d’expression que les citoyen•nes en Bel­gique ont conquis des droits sociaux. C’est par la lutte sociale qu’il•elles ont sans cesse réin­ven­té la démo­cra­tie pour évi­ter que notre pays ne glisse vers des pou­voirs forts et une démo­cra­tie cap­tu­rée, comme c’est le cas aujourd’hui dans plu­sieurs pays européens.
Aujourd’hui, alors que vous auto­ri­sez ces citoyen•nes à se regrou­per dans les super­mar­chés, que vous les appe­lez à reprendre le tra­vail ou à mettre leurs enfants à l’école, vous pre­nez la déci­sion de sus­pendre la liber­té de manifester.
Nous sommes un front large com­po­sé d’organisations syn­di­cales, d’associations œuvrant dans dif­fé­rents champs de la socié­té, de col­lec­tifs en lutte pour conqué­rir de nou­veaux droits pour les per­sonnes vivant dans la pré­ca­ri­té, pour les travailleur•euses avec ou sans emploi, pour les sans-papiers, pour les artistes. Nous nous mobi­li­sons contre les inéga­li­tés éco­no­miques, le racisme et le sexisme.
À ce titre, nous vou­lons vous expri­mer notre volon­té de faire front face à cette déci­sion inac­cep­table. La liber­té de mani­fes­ter est un droit et nous l’exercerons. Dans ce cadre, nous sou­te­nons avec force les sans-papiers qui reven­diquent leur régu­la­ri­sa­tion, le per­son­nel soi­gnant qui mani­feste pour amé­lio­rer ses condi­tions de tra­vail, les militant•es cli­ma­tiques ou ceux•celles qui militent pour une plus grande jus­tice fis­cale, et toutes celles et ceux qui, d’ici à l’été, feront entendre leurs revendications.
Nous tenons, avec d’autres, à vous rap­pe­ler que l’action col­lec­tive (y com­pris le droit à mani­fes­ter dans l’espace public et à faire grève) et la liber­té d’association et de réunion publique sont des prin­cipes fon­da­men­taux qui ont été l’objet de limi­ta­tions excep­tion­nelles et pro­vi­soires durant le confi­ne­ment, et que ces limi­ta­tions doivent ces­ser sans délai. En France et en Alle­magne, le Conseil d’É­tat et la Cour consti­tu­tion­nelle ont d’ailleurs fait pri­mer la liber­té de réunion et de manifestation.
Vous ne confis­que­rez ni nos luttes, ni nos ima­gi­naires, ni le monde de demain, c’est une promesse.
Faire front est un espace de conver­gence sociale, éco­lo­gique et démo­cra­tique qui ras­semble actuel­le­ment une soixan­taine d’organisations sociales et de col­lec­tifs. Dans ce cadre, cette lettre est notam­ment por­tée par la CNE, la San­té en lutte, Soli­da­ris, le CNCD, la Cen­trale Géné­rale de la FGTB, Attac Bruxelles, CGé, le Ciré, le MOC, Pré­sence et Action Cultu­relles, la Fédé­ra­tion des Mai­sons Médi­cales, Car­ta Aca­de­mi­ca, CGSP ACOD ALR, les Actrices et Acteurs des temps pré­sents, le CETRI, les jeunes FGTB, Oxfam MDM, le CADTM, le CEPAG, les FPS, le Bureau des femmes de la FGTB Wal­lonne, le Forum Gauche Éco­lo­gie, ASPH, Attac Liège, Raoul Col­lec­tif, Action Loge­ment Bruxelles…

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